Ré-émission de l'article eaufrance
(mis en ligne le 14 décembre 2017)
Au mois de novembre 2017, le froid arrive. Les températures moyennes mensuelles sont conformes ou inférieures à la normale jusque 1,5°C. La pluviométrie est géographiquement contrastée. Les cumuls de précipitations sont quasi nuls (inférieurs à 5mm) sur une large bande littorale en Occitanie, de Montpellier à Perpignan. Ils sont faibles (de 20 à 50 mm) sur la région PACA et quelques secteurs en Occitanie. Le reste du bassin enregistre des cumuls qui s'échelonnent de 50 mm à plus de 200 mm sur les reliefs des Vosges, du Jura, des Alpes du Nord et des Cévennes. Les premières précipitations neigeuses tombent en fin de mois sur les reliefs mais aussi jusqu'en plaine.
Le bilan pluviométrique mensuel est déficitaire (10% à 75%) sur presque toute la moitié sud du bassin. Les déficits atteignent plus de 75% dans la région de Béziers (34), la moité est de l'Aude et la majeure partie des Pyrénées Orientales. Sur la moitié nord du bassin, ce bilan est proche de la normale à excédentaire jusque 200% en Franche-Comté. Les pluies efficaces mensuelles sont majoritairement positives sur le bassin (de 5 à 200 mm). Seule la bande littorale de Montpellier à Perpignan, enregistre des déficits de pluies efficaces jusqu'à -25 mm.
Le bilan pluviométrique depuis le 1er septembre 2017 est encore déficitaire sur l'ensemble du bassin. Les déficits les plus marqués (moins 75% des normales) se situe sur la région PACA, une partie des départements du Gard et de l'Hérault. Sur les autres secteurs, ils s'échelonnent entre 25% et 75% des normales. La Franche-Comté présente les déficits les plus faibles (jusque 25% des normales). Le cumul des pluies efficaces depuis le 1er septembre 2017 est proche de zéro (de -50 mm à +50 mm) sur la Saône-et-Loire (71), le Rhône (69) et la moitié sud du bassin à l'exception des Cévennes. Sur le reste du bassin, ces cumuls s'échelonnent de 50 à 400 mm.
Au 1er décembre 2017 :
L'étiage se poursuit sur la grande majorité des cours d'eau du bassin à l'exception de ceux de la Franche-Comté. En novembre, 85% des stations de mesure enregistrent encore des débits inférieurs ou très inférieurs à la moyenne mensuelle interannuelle. Les écoulements minimums sont en majorité caractéristiques d'une période sèche (de 5 à 10 ans) ou très sèche (supérieure à 10 ans). La période de retour est même de 50 ans sur la Guisane (05), l’Issole (04-83), l'Esteron (06), le Caramy (83), le Coulon-Calavon (84) et la Giscle (83) en région PACA. Le Roubion à la station de Soyans (26) est encore en assec. En Franche-Comté, la plupart des cours d'eau sorte de l'étiage et leurs débits se placent au-dessus des valeurs d'alerte ou de vigilance. Le débit de la Saône (250 m3/s à la station de Couzon, confluence avec le Rhône) est en hausse mais il reste cependant bien en dessous de la moyenne interannuelle (510 m3/s).
En novembre, les débits du Rhône remontent. Cependant, toutes les stations, de l'amont à l'aval, enregistrent une hydraulicité encore en dessous de la moyenne mensuelle interannuelle.
La situation de la ressource en eau souterraine est elle aussi difficile : 87% des nappes présentent des niveaux modérément bas à très bas. Une stabilisation ou une légère hausse est enregistrée sur les nappes des secteurs ayant reçus des précipitations durant les mois précédents. Pour les autres secteurs, les niveaux sont en dessous des normales de saison.
Au nord du bassin, la recharge s'amorce sur les nappes alluviales de Franche-Comté. En revanche, les aquifères alluviaux et calcaires de Bourgogne sont encore bas, voire très bas (nappe de Dijon sud et nappe du val de Saône). Seuls les alluvions profondes de la Tille gardent un niveau élevé. Toutes les nappes à l’est de la région Auvergne-Rhône-Alpes restent à des niveaux bas ou très bas malgré une légère hausse enregistrée en cours du mois (alluvions de l'Isère, alluvions fluvio-glaciaire de la plaine de Bièvre-Liers-Valloire, alluvions fluvio-glaciaires de l'est lyonnais (Meyzieux), nappe pliocène du Val de Saône).
En région PACA, l’étiage se poursuit, dans de sévères conditions, en particulier pour plusieurs nappes alluviales qui enregistrent les niveaux les plus bas mesurés (nappe des Sorgues ou du Rhône en amont d'Avignon, alluvions de la Durance moyenne, alluvions de la Siagne, nappe du Drac amont). Les ressources karstiques montrent des courbes de tarissement drastiques. En Occitanie, la situation s'améliore sur les karsts nîmois et montpelliérains ainsi que les alluvions de l'Hérault, de l'Orb et de l'Aude.
Les taux de remplissage des retenues sont majoritairement faibles (inférieurs à 50%) en conséquence de leurs modalités de gestion des usages de l'eau sur les secteurs aval depuis le mois de juin. Seules les retenues de Castillon et Sainte-Croix en région PACA ainsi que la retenue de Vouglans dans l'Ain (01) présentent des taux de remplissage supérieurs à 50%. Les réservoirs à vocation hydroélectrique des Alpes du nord sont plus hauts que le mois précédent (remplissage inférieur au quinquenal). Les volumes utilisables du canal de Bourgogne (15%) et du canal du centre (36%) restent faibles.
L’assèchement des sols superficiels continue à être très marqué sur la vallée du Rhône, sur la région PACA et sur plusieurs secteurs en Occitanie. Les déficits sont très importants sur ces secteurs (supérieurs à 70 %). Sur la façade nord-ouest du bassin, on enregistre une légère amélioration malgré la persistance des déficits (de 30 à 60%). Des excédents apparaissent en Franche-Comté (jusque 20%).
Le manque de précipitations entraîne des niveaux d'écoulement défavorables à la préservation des écosystèmes aquatiques et des espèces qui en dépendent. Une campagne complémentaire exceptionnelle du réseau ONDE a été effectuée au mois de novembre sur 9 départements en situation difficile (Ain, Isère, Drôme, Ardèche, Alpes maritimes, Gard, Lozère, Vaucluse, Aude). Les valeurs des indices ONDE sont remontées mais l'étiage reste sévère : environ 80% des stations d'observation sont toujours en écoulement visible faible ou en assec.
Bilan : l'étiage 2017, particulièrement sévère, se prolonge sur la majeure partie du bassin. Même si les indicateurs hydrologiques remontent, ils sont encore en grande majorité au plus bas et plusieurs limites historiques basses sont atteintes ou dépassées. La situation de la ressource en eau reste très critique sur plusieurs secteurs, en particulier de la région PACA. Seule la Franche-Comté amorce un début d'amélioration. Cette situation exceptionnelle de sécheresse automnale sur 9 départements du bassin reste très critique pour les écosystèmes aquatiques et leur biodiversité. Les précipitations arrivées fin novembre, dont notamment les précipitations neigeuses, devraient soulager la situation sur une partie du bassin.
Limitation des usages de l'eau : situation au 10 décembre 2017
Au cours de l'été 2017, tous les départements du bassin, sauf la Haute-Savoie (74), ont pris des mesures de restriction des usages de l'eau. A l'automne, compte tenu de la pluviométrie très déficitaire sur le bassin, plusieurs départements ont renforcé les mesures prises. Fin novembre, 7 départements maintiennent leurs mesures de restriction en vigueur et les prolongent exceptionnellement jusque fin décembre.
Ainsi au 10 décembre 2017 :
Le niveau d'alerte est en vigueur sur plusieurs secteurs des Alpes maritimes (06), de l'Isère (38) et de la Lozère (48),
Le niveau d'alerte renforcée est atteint à nouveau, depuis le 13 novembre, sur le département de la Drôme (26) et il est prolongé sur plusieurs secteurs du Vaucluse (84), du Gard (30), de l'Isère (38), des Pyrénées Orientales (66) et des Alpes maritimes (06).
Le niveau de crise est maintenu sur les bassins versants de la Roya, de la Bévera et du Loup dans les Alpes maritimes (06).
En novembre, les levées des mesures sont effectives sur l'Ardèche (07) depuis le 9 novembre, la Côte d'Or (21) depuis le 17 novembre, le Doubs (25) depuis le 21 novembre, la Loire (42) depuis le 30 novembre, le Var (83) depuis le 15 novembre et la Haute Saône (70) depuis le 1er décembre.
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