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ÉTUDES - SUIVI
« Y’a plus rien ! » Qui n’a jamais entendu cette phrase au bord de la rivière. Prononcées de façon péremptoire par un pêcheur souvent bredouille, ces paroles tombent telles une sentence. Il n’y a pas de discussion possible, le cours d’eau est vide !
Heureusement, il existe des méthodes plus scientifiques pour connaître l’état des peuplements piscicoles d’un cours d’eau.
Les pêches électriques
Les pêches électriques sont un outil indispensable de suivi des populations de poissons en rivière. Au cours de pêches électriques d’inventaire, on pourra avoir accès à l’ensemble de la population piscicole et à l’étagement des classes d’âge.
L’indice « poissons rivière », calculé à partir des résultats d’échantillonnage du peuplement piscicole, indiquera l’état sur les stations étudiées.
Le suivi des frayères
Le comptage et la localisation des frayères peuvent aussi renseigner sur l’état piscicole du cours d’eau, quand les conditions le permettent bien entendu. Les suivis des populations de poissons sont nécessaires pour ajuster la gestion courante en fonction des réalités de terrain. Ainsi, on privilégiera au maximum une gestion patrimoniale si le cours d’eau le permet. Au contraire, on pourra éventuellement envisager des déversements de surdensitaires dans des cours d’eau non conformes.
Enfin il est à noter que ces deux actions que sont les pêches électriques et le comptage de frayères nécessitent toujours de nombreux bénévoles pour pouvoir être
mises en place.
ENJEU DE CONSERVATION
Au cours de ces 20 dernières années, la conservation de la diversité inter et intra-spécifique des espèces de salmonidés est devenue un challenge mondial pour les scientifiques et les gestionnaires en raison de la valeur patrimoniale qu’elles représentent, de leurs importances halieutiques et des enjeux économiques associés. Les populations naturelles de truites communes (Salmo trutta) sont largement soumises à l’exploitation par la pêche récréative d’où leurs importants enjeux halieutique et socio-économique.
Au sein de son aire de répartition naturelle en Europe, cette espèce présente une importante diversité génétique et phénotypique. Cette diversité intraspécifique nécessite d’être prise en compte par les gestionnaires des populations naturelles en accroissant les efforts de conservation à l’échelle des populations. Ces préconisations impliquent la nécessité d’un rapprochement entre les scientifiques (généticien, biologiste de la conservation) et les gestionnaires directs des populations et des milieux que sont nos AAPPMA et les Fédérations d’AAPPMA, afin de mieux intégrer les différents niveaux de diversité biologique dans la gestion des populations naturelles de truites.
Sur le territoire français, la répartition biogéographique des populations naturelles de truites montre la présence de la lignée évolutive Atlantique (ATL) sur le versant atlantique et de la lignée Méditerranéenne (MED) sur le versant méditerranéen.
Cependant depuis plus de 100 ans, les pratiques traditionnelles de repeuplement ont conduit à l’introduction massive sur ces deux versants de truites ATL issues de stocks domestiqués génétiquement homogènes.
Ces introductions de truites non-natives ont entraîné dans de nombreux cas une introgression des populations natives par des gènes d’origine non-native au sein deux bassins versants. Depuis une dizaine d’années, les gestionnaires souhaitent de plus en plus utiliser les données génétiques de manière complémentaire aux données démographiques et sur la qualité des habitats pour établir les plans de gestion.
Pour répondre à ce besoin, un programme de recherche collaborative a été mis en place à la demande de plusieurs fédérations départementales de pêche et de protection du milieu aquatique dont le département de l’Isère en collaboration avec notre AAPPMA.
Le cas du Guiers-mort. Les résultats des études ont permis de mettre en évidence une population MED d’importance sur le cours principal du Guiers-mort. Elle colonise environ 14km et présente une introgression moyenne de 15%.
Cette population est composée de près d’un tiers d’individus purs MED et d’une majorité d’individus peu hybridés. Cette zone de conservation identifiée est entourée par une population plus hybridée sur les affluents. On perçoit nettement un gradient d’hybridation sur la population du Guiers-mort en aval de la confluence du Couzon et de l’Herbetan.
Compte-tenu de sa situation, cette population MED présente un intérêt majeur et un enjeu de conservation et de restauration important.